Nouvelles de l’association après 6 mois (avril 2017)

Encore merci pour votre soutien et votre intérêt pour la démarche d’accueil et de partage de l’Hospitalité Saint Martin.

Le Conseil d’Administration de l’association souhaite vous tenir informé (e) de nos avancées depuis le 11 novembre dernier, date de création de l’association.

Notre site Internet a été créé, www.hospitalitesaintmartin.com, modeste vitrine de nos actions et de nos réflexions. Twitter et Facebook les relaient aussi.

Une demande de « rescrit fiscal » est en cours; elle nous permettra d’être déclaré d’intérêt général et donc d’émettre des reçus fiscaux pour nos généreux donateurs, qui pourront ainsi déduire 66% des dons effectués de leurs impôts. Le 21 juillet, date d’expiration du délai de 6 mois, nous devrions être fixés.

Nous vous rappelons aussi notre invitation pour un pique-nique amical le samedi 17 juin à 19 h à Paris, dans es jardins du Trocadero, à droite en regardant la tour Eiffel. Si le temps est menaçant, nous nous « réfugierons » (on est habitués …) non loin de là, chez Isabelle et Marc, au 48 rue de Passy. Ce sera l’occasion de nous rencontrer, de partager de vive voix les dernières nouvelles et de goûter la cuisine irakienne préparée par la première famille accueillie (nous contacter au 06 84 63 34 08).

Deux familles, soit 8 personnes, sont désormais « sous notre toit »:

  • la famille d’Adham et AfrahArrivés d’abord à Grenoble en mai 2016, ce couple de trentenaires et leurs deux enfants de 9 et 3 ans, ont été accueillis chez Jean Pierre et Catherine durant 6 mois. Ils les ont guidés dans les premières (et importantes) étapes de leur parcours d’intégration. En novembre 2016, la famille a rejoint Paris.Nous étions loin de penser que ce « petit » mouvement géographique, dans le même pays, serait à l’origine d’autant de complexités administratives. Avec enthousiasme, nous sommes repartis à l’assaut de la CAF, de la préfecture de Police et autres organismes.D’ici 1 mois ou deux, nous devrions être arrivés, enfin, à la fin de ce marathon administratif qui a débuté en mai 2016 à Grenoble !!Les matinées passées Boulevard Ney à la Préfecture de Police dans les multiples files d’attente sont de grandes leçons d’humilité et d’humanité …Au delà de ces aspects administratifs, l’intégration se passe bien.Le niveau de français augmente petit à petit pour Adham et Afrah, après les 200 h de cours suivis par chacun en février/avril. Il est encore insuffisant pour permettre une pratique professionnelle. C’est leur priorité absolue. Merci à celles et ceux qui les aident dans ce domaine.Les enfants vont bien: halte garderie pour l’un, CM1 pour l’autre. L’été approche, nous le aidons à trouver des occupations pas trop chères (vos idées sont les bienvenues !).Le défi pour les parents est désormais de trouver une voie professionnelle. Malgré une immense énergie et une grande volonté, il n’est pas simple, même avec une formation universitaire dans son pays d’origine, de repartir à zéro, de comprendre le marché de l’emploi en France et de choisir une nouvelle voie. Nous essayons de les y aider au moins par l’écoute et le conseil. Cela restera in fine leur décision.
  • la famille de Mazin et RashaAvec leurs deux enfants de 9 et 4 ans, ils sont arrivés samedi 3 juin à Caen en provenance d’Erbil (Irak). Ils vivaient jusqu’en août 2014 à Qaraqosh (Irak) et ont dû fuir la ville quand Daech l’a envahie.Ils font partie d’une très nombreuse famille de chrétiens.Deux des membres de cette famille, Adeeb ainsi qu’une sœur, ont déjà le statut de réfugiés en France. Ils vivent à Vannes. Nous les avons rencontrés; ils parlent bien le français et sont parfaitement intégrés.
  • Cette famille a une histoire douloureuse ; deux jeunes enfants, fils d’Adeeb et de Mazin, ont été tués en août 2014 lors de l’attaque de Daech sur le village de Qaraqosh.Ils sont donc arrivés le 3 juin en France, juste avant l’Esprit saint dans ce week end de Pentecôte. L’intégration débute … Le choc psychologique est immense. Ils laissent derrière eux la tombe de leur fils et leurs parents âgés, ainsi que trois sœurs célibataires; la France a offert à tous l’asile, nous sommes prêts à accueillir les autres membres de la famille, mais, l’âge aidant, ou plutôt n’aidant pas, ils n’ont pas encore décidé s’ils allaient venir. Ils ont jusqu’à début août pour prendre la décision.La famille de Vannes fait la traduction car Mazen et sa famille ne parle « que » arabe et araméen, langues dans laquelle nous sommes … très débutants !! C’est très frustrant de ne pas pouvoir plus échanger alors que tant de choses sont à partager dans ces moments … Les sourires et les grands gestes font l’essentiel. L’accueil est aussi une leçon de patience !!A Caen, ils habitent une grande maison qui pourra abriter les rassemblements familiaux. Ils ont la chance d’être entourés par des voisins bienveillants, qui se sont spontanément mis à leur disposition. Merci à eux !

Voilà vous savez tout !

Merci encore pour votre soutien.

Votre temps, vos compétences, vos amis, vos dons, vos idées, … tout est utile quand on repart à zéro dans un nouveau pays !

 

PS: vous noterez que, par souci de discrétion et de sécurité pour les familles accueillies, nous ne communiquons ni nom de famille ni photo. A l’heure de Facebook et autres Instagram, c’est à la fois nécessaire … et reposant !

Hospitalité 

Extrait du discours de Mgr Pontier devant la conférence des évêques de France le 28/3/2017

« Les exigences de la fraternité

Souvent sont rappelées de manière incantatoire les valeurs de la République, telles qu’elles sont affichées au fronton des mairies : «Liberté, égalité, fraternité». Il s’agit d’un idéal jamais atteint et toujours en chantier. Mais on pourrait dire qu’aujourd’hui la fraternité a besoin d’être mise à la première place. Non pas la fraternité affichée comme un vague sentiment qui donne bonne conscience, mais celle qui se transforme en engagement concret en faveur des plus défavorisés, des chômeurs et aussi des migrants, des réfugiés venus en France en fuyant les conditions de vie devenues dangereuses ou misérables dans leur pays d’origine. Heureusement, au ras du terrain, cette fraternité se vit dans un tissu associatif généreux, engagé, durable, qui mérite d’être encouragé et soutenu. Nous ne pouvons pas penser notre avenir, chacun replié sur soi-même. Certains le pensent. C’est un leurre. Ceux qui viennent chez nous et sont accueillis, peuvent s’intégrer, apporter leur savoir-faire, leur dynamisme et contribuer ensuite au bien-être de tous. Notre conviction chrétienne et citoyenne nous invite à la générosité, à la recherche du bien commun, à l’ouverture, à l’accueil, à la fraternité universelle avec le sens des responsabilités qui nous incombent. Le Pape François nous invite souvent à «ce devoir de solidarité» ; ainsi récemment, le 21 février dernier devant les participants au Forum international «Migrations et Paix». Après avoir rappelé la nécessité d’œuvrer pour le développement des peuples afin que nul ne soit forcé de quitter son pays, il s’exprimait ainsi : «Devant les tragédies qui marquent au fer rouge la vie de tant de migrants et de réfugiés – guerres, persécutions, abus, violence, mort – on ne peut qu’éprouver des sentiments spontanés d’empathie et de compassion. « Où est ton frère ? » (Cf. Gn 4,9) : cette question, que Dieu pose à l’homme depuis les origines, nous implique, spécialement aujourd’hui par rapport à des frères et des sœurs qui migrent. Ce n’est pas une question adressée à d’autres, c’est une question adressée à moi, à toi, à chacun de nous. La solidarité naît justement de la capacité à comprendre les besoins du frère et de la sœur en difficulté et de s’en charger. C’est là, en substance, que se fonde la valeur sacrée de l’hospitalité présente dans les traditions religieuses. Pour nous, chrétiens, l’hospitalité offerte à l’étranger qui a besoin d’un refuge est offerte à Jésus-Christ lui-même, qui s’identifie avec l’étranger : « J’étais étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25, 35). C’est un devoir de solidarité de s’opposer à la culture du rejet et de nourrir une plus grande attention envers les plus faibles, pauvres et vulnérables. C’est pourquoi un changement d’attitude envers les migrants et les réfugiés est nécessaire de la part de tous ; le passage d’une attitude de défense et de peur, de désintérêt ou de marginalisation – qui, à la fin, correspond exactement à la « culture du rejet » – à une attitude qui soit basée sur la « culture de la rencontre », la seule capable de construire un monde plus juste et fraternel, un monde meilleur.» En ce sens, comment ne pas se réjouir du protocole d’accord qui vient d’être signé entre l’État français, la communauté de Sant’Egidio, la Fédération protestante de France, la Fédération de l’entraide protestante, la Conférence des Évêques de France et le Secours catholique, pour la mise en œuvre d’un couloir humanitaire visant l’accueil de 500 réfugiés en provenance du Liban ? »

« Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer ». Pape François

« Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer » : dans une audience lors d’un forum sur les migrations le pape François a résumé en quatre verbes sa pensée sur les migrants, faisant de leur accueil, protection promotion et intégration « un devoir de justice, de civilisation et de solidarité ».

« Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer ». Recevant mardi 21 février au Vatican les 250 participants au Forum international « Migrations et paix », organisé par le Dicastère pour le développement humain intégral, le Réseau scalabrinien international des migrations et la Fondation Konrad-Adenauer, le pape François a résumé en quatre verbes la réponse à apporter selon lui aux problèmes des migrants.

Dans un important discours résumant sa position, souvent mal comprise, sur les migrants, il a souligné que les migrations « ne représentent pas un phénomène nouveau dans l’histoire de l’humanité » et que, au cours de cette histoire, elles ont contribué à « la rencontre entre les peuples » et à « la naissance de nouvelles civilisations ».

Faisant référence à de nombreuses reprises à ses prédécesseurs Jean-Paul II et Benoît XVI, le pape a souligné le caractère particulier des migrations actuelles, marquées par « les déplacements forcés, causés par les conflits, les désastres naturels, les persécutions, les changements climatiques, la violence, la pauvreté extrême et les conditions vie indignes ».

« Ambiance de refus »

D’où la « particulière préoccupation » pour ce phénomène de la part du pape qui, de manière inhabituelle, a reçu les participants du forum un mardi, son jour de repos où aucune audience n’est généralement programmée.

Face à l’« ambiance de refus » qu’il constate face aux migrants, et dont il voit les racines dans un « égoïsme » amplifié par « les démagogies populistes », François appelle à « un changement d’attitude pour dépasser l’indifférence et substituer aux peurs une attitude généreuse d’accueil envers ceux qui frappent à nos portes ».

« Impératif moral »

Il souligne notamment l’exigence d’un « accueil responsable et digne » dans « des lieux adéquats et convenables ».

Constatant que « les grandes concentrations de demandeurs d’asile et de réfugiés n’ont pas donné de résultats positifs, générant plutôt des situations nouvelles de vulnérabilité et de gêne », le pape préconise plutôt la mise en place de « programmes d’accueil diffus, qui, explique-t-il, semblent au contraire faciliter la rencontre personnelle, permettre une meilleure qualité de service et offrir une plus grande garantie de succès ».

Face aux risques que pose la traite des personnes, le pape appelle aussi à protéger « les droits inaliénables », les « libertés fondamentales » et la « dignité » des migrants, faisant « un impératif moral » l’adoption de législations de protection.

L’intégration « n’est ni assimilation ni incorporation »

Mais « protéger ne suffit pas », met en garde François qui rappelle que « le développement (…) est un droit inaliénable de chaque être humain ».

« La promotion humaine des migrants et de leurs familles commence dans la communauté d’origine, là où doit être garanti, en même temps que le droit de pouvoir émigrer, aussi le droit de ne pas devoir émigrer, ainsi que le droit de trouver dans sa patrie les conditions qui permettent une digne réalisation de l’existence. »

Enfin, le pape appelle à l’intégration des migrants, « qui n’est ni assimilation ni incorporation ».« Plutôt que la surimposition d’une culture sur une autre », c’est plutôt, affirme-t-il, « un processus bidirectionnel qui se fonde essentiellement sur la reconnaissance mutuelle de la richesse culturelle de l’autre ».

Regroupement familial

Reprenant ses propos sur le risque de « ghettoïsation », il rappelle aussi le devoir des migrants à « ne pas se fermer à la culture et aux traditions des pays hôtes » et à « en respecter les lois ».

Mais François appelle aussi au respect de la vie familiale et insiste sur la nécessité de « véritables politiques favorisant et privilégiant le regroupement familial ».

Pour François, accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les migrants est in fine « un devoir de justice, de civilisation et de solidarité », qu’il rapproche aussi de la fraternité chrétienne, « qui est la façon la plus civilisée de référer à la présence de l’autre laquelle ne menace pas mais interroge, réaffirme et enrichit notre identité individuelle ».

Nicolas Senèze, à Rome

La Croix

Qu’en disent les accueillis ?

La famille A (par souci de respect de la vie privée, son nom ne sera pas mentionné) est arrivée en France en mai 2016; l’association l’a accueillie à Paris en novembre 2016.

Pour ce couple de 30 ans et leurs deux enfants en provenance d’Irak, une nouvelle vie a commencé.

Nous avons demandé à cette première famille accueillie son opinion sur certains sujets.

  1. Comment voyez – vous votre avenir?

« C’est pour nous une grande chance d’être accueillis en France. La France nous offre la sécurité, le travail, l’éducation pour les enfants. Ici la vie est plus facile qu’en Irak. 

Dans 10 ans on se voit évidemment en train de travailler, peut être dans un restaurant qui nous appartiendrait. 

Nous voyons beaucoup d’opportunités dans notre nouvelle vie.« 

  2: Que voudriez – vous dire aux personnes qui aimeraient s’engager dans l’association?

« Être accueillis en France nous a sauvés d’une situation très dangereuse pour nous et nos enfants. 

En vous engageant dans l’accueil de réfugiés, vous allez leur donner la sécurité et leur permettre d’offrir un futur pour leurs enfants. 

Vous protégerez non seulement la famille de réfugiés mais aussi les générations futures. » 

3: Aujourd’hui, quel est votre quotidien?

« Lors des premiers mois en France nous avons été très pris par les formalités administratives, les papiers ! La France est généreuse mais son administration est complexe ! Aujourd’hui cette phase est terminée. Nous sommes en règle!!

On se consacre donc surtout à l’intégration, par l’apprentissage du français, la réflexion sur notre avenir professionnel et les contacts avec nos nouveaux amis français qui nous font découvrir leur pays. » 

4: Comment vos enfants vivent – ils le changement d’environnement? 

« Dans les premiers jours de notre arrivée en France, c’était difficile pour eux, mais avec le temps, la situation s’améliore. Pour notre fils aîné qui a 9 ans l’école publique française est une formidable opportunité d’intégration dans la société française. Ils sont heureux !

Pour nous les parents c’est le plus important.« 

Témoignages de nos membres

Nous avons demandé à nos premiers membres de répondre à quelques questions simples.

1. Pourquoi avoir rejoint cette association ? Qu’est-ce qui, dans votre histoire personnelle, vous a rendu sensible à l’accueil et à l’intégration des réfugiés ?

Francis: « La confiance que j’ai eu pour un projet initié par des gens de … confiance.
A 5 ans, j’ai moi même pris un départ précipité … »

Isabelle: « J’ai assez bavardé. L’HSM permet d’agir.
L ‘Histoire, avec un grand H : 1940-1944.La petite aussi, celle de mon grand père. »

Michèle: » Cette proposition de participer à l’association venait d’amis dont je partage les valeurs de vie et en qui j’ai confiance. Par ailleurs , j’ai grandi dans une famille accueillante sans préjugés. Je suis soucieuse pour les Chrétiens d’orient depuis plusieurs années. »

Jean Luc: « Expatrié, chrétien d’Orient moi même, je suis arrivé en France très jeune, dans des circonstances moins dramatiques que celles qui touchent mes coréligionnaires d’aujourd’hui. Nous avons eu la chance d’être accueillis par notre famille et des amis qui ont facilité notre intégration dans ce beau pays qu’est la France. Alors, comment rester les bras croisés? »

2. Que souhaitez vous / pouvez vous apporter à l’association ?

Francis: « Du temps, quelques compétences, de l’attention, une cotisation ! »

Isabelle: « Les familles accueillies décideront pour moi. »

Michèle: »Un soutien dans des domaines concrets à ma portée; mon expérience de la prise en compte de l’aspect psychique et des idéaux de vie différents d’une personne à l’autre. »

Jean Luc: « Un soutien financier, au début, et puis un peu de temps. »

3. Que pensez vous en retirer pour vous mêmes ou vos proches ?

Francis: « Lire dans les yeux d’enfants une lueur d’espoir. »

Isabelle: « Rencontrer Dieu ou le faire rencontrer … juste un court instant … je ne veux pas Le déranger trop longtemps. 🙂 »

Michèle:  » Je ne sais pas encore. Le temps le dira ».

Jean Luc: « Les simples regards, les sourires de la première famille rencontrée, leur courage et vitalité! quelle leçon! »

4. Que diriez vous à une personne qui hésite à s’engager ?

Francis: »Je lui donnerai quelques photos d’enfants qui ont, dans leurs yeux, une lueur d’espoir pas vue  depuis longtemps. »

Isabelle: »Viens d’abord, vois après. »

Michèle: »Imagine toi te retrouver dans une situation semblable. »

Jean Luc: « je l’inviterai à une rencontre avec nous et les réfugiés.

5. Comment voyez vous l’association dans 5 ans ?

Francis: « Utopique : que sa raison d’être ait disparue.
Réaliste : que ses finances lui permettent de continuer à aider.
Quantitatif : une cinquantaine de membres, des réfugiés bien installés »

Isabelle:« Un modèle de fraternité pour tous et ….au journal de 20 h si possible 😉 »

Michèle:

  • « Que l’association soit inutile … c’est mal parti !
  • que réfugiés et « autochtones » participent à son fonctionnement »

Jean Luc

« je ne peux l’imaginer… quand je vois ce qu’Isabelle et Marc ont fait en si peu de temps (mais avec une telle énergie), tout est possible… »